Neuf heures, le marché Colobane reprend petit à petit l’ambiance des jours de rush qu’on lui connaît. Les tabliers installent leurs marchandises de part et d’autre sur les trottoirs. Dans ce marché connu surtout pour l’activité de la vente de friperie, se trouve un espace commercial dénommé « Maquette bi » rendu célèbre grâce à un système commercial qui s’est développé au fil des ans: « l’échange de portable ».
« Il y a des gens qui ne peuvent pas se payer un portable neuf d’une certaine marque. Alors quand ils viennent, ils amènent leur ancien portable plus une somme d’argent pour faire l’échange. Après, c’est au marchand de voir si la proposition est intéressante ou non et d’essayer de négocier pour trouver un point d’accord. C’est un système d’entre aide. On prend toutes les marques de portable à condition que le produit soit en bon état », explique Daouda Ndiaye. Ce dernier est dans le business d’échange de téléphones portables depuis 2002. « C’est un business qui marche très bien. Parfois tu peux gagner entre 300 et 500 000 franc CFA par jour », confie le revendeur.
Un business ou la tromperie est omniprésente
L’ambiance qui prévaut dans ce marché spécialisé dans l’électronique est suffisante pour croire Daouda Ndiaye sur parole. C’est la promiscuité totale. Les bruits des discussions fusent de partout. D’un bout à l’autre, on aperçoit un client gesticuler pour convaincre le revendeur de la bonne qualité de la marchandise qu’il lui propose. Les négociations peuvent durer des minutes voire des heures. « C’est un business à risque. On peut gagner beaucoup d’argent ; comme il arrive qu’on en perde aussi. Parce que des fois on te présente un portable, quand tu vérifies, tu vois que tout est Ok et quelques temps après, de petits problèmes électroniques commencent à apparaître. Dès lors tu es obligé de le réparer. Mais quand un client porte son intérêt sur le portable, tu l’avertis qu’il a été ouvert. Si ça l’arrange, il achète sinon il part voir ailleurs. Il arrive aussi que le client l’achète et que des pannes resurgissent. Dans ce cas, il doit le ramener dans les quatre heures qui suivent sinon il perd toute possibilité de pouvoir l’échanger contre un autre», nous renseigne Daouda. Qui affirme accorder un intérêt particulier quant à la provenance du portable. « On fait tout pour éviter la duperie. Il nous suffit d’observer et d’écouter le client pour savoir si le produit qu’il nous présente est de provenance licite ou pas. On ne prend jamais de portable sans garantie ».
Des décentes policières récurrentes
Cependant, tous les revendeurs n’ont pas l’éthique professionnelle de Daouda. Les descentes policières sont très fréquentes dans le marché. « J’ai assisté à de nombreuses descentes de police sur le marché. Et je connais plus d’une dizaine de jeunes revendeurs qui sont actuellement derrière les barreaux pour délit de recel (définition en bas de page). Parce que tout simplement ils ont eu le malheur d’échanger des portables volés. Une fois, une jeune fille est venue dans le marché et a reconnu son portable. On le lui avait arraché à la suite d’une agression. Elle a demandé à voir le revendeur et lui a proposé un très bon prix. Par la suite, la demoiselle est partie en lui assurant qu’elle allait chercher l’argent chez elle. Le soir, elle est revenue en compagnie de policiers. Et ils ont arrêté le revendeur qui n’en revenait pas », relate le vieux El Hadji Diouf. Le vendeur de batteries pour téléphone portable reconnaît, cependant, qu’il y a des revendeurs qui acceptent d’échanger des portables volés. « Ceux la méritent la prison », souligne le vieux El Hadji Diouf.
Des anecdotes comme celle-ci, se comptent par milliers dans le marché. D’ailleurs c’est cela qui vaut au « Maquette bi » une certaine mauvaise réputation au sein de la population. Et celle-ci apprécie différemment le business de « l’échange de portable ».
« Je n’approuve pas ce système commercial. Je ne l’ai jamais fait. Ceux qui le pratiquent le font peut être par manque de moyens. Mais le mieux c’est d’aller dans les magasins et d’acheter un portable neuf. Je ne conseille à personne de le faire », nous dit Anta. Marième Ndiang est tout le contraire d’Anta. « Je viens souvent dans le marché pour échanger mon portable. C’est très pratique. On a toujours le type de portable qu’on veut à un prix plus abordable. C’est aussi un moyen pour se faire de l’argent. Parfois quand tu es dans la galère, si t’as un portable qui coûte cher, tu peux l’échanger en contrepartie d’un portable plus modeste et d’une somme d’argent. Mais je suis très prudente. J’échange toujours mon téléphone avec un revendeur que je connais bien », assure Marième.
Kodou Sene
Le recel
Le recel est le fait de dissimuler, de détenir, de faire office d'intermédiaire ou de transmettre une chose (ou une personne), en sachant que cette chose provient d'un crime ou d’un délit, ou est liée à celui-ci s'il s'agit d'une personne (recel de malfaiteur). Le recel peut également résulter du fait, en toute connaissance de cause, de bénéficier d'une chose provenant d'un crime ou d'un délit.
Exemple : Un père qui accepte, en connaissance de cause, le don d’un portable provenant d’un vol offert par son fils agresseur est un receleur.
Les éléments constitutifs du recel sont donc au nombre de trois :
-La détention de choses provenant d’un crime ou d’un délit ;
-L’origine délictueuse des choses recelées
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire